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Interview : Comment l'association française de location DLR lutte contre le vol de machines

Photo : Henry Saint John via AdobeStock Photo : Henry Saint John via AdobeStock

Le vol d’équipement de location reste un défi persistant et coûteux pour l’industrie à travers le monde.

Les machines de valeur étant souvent stockées sur des chantiers non sécurisés ou transportées entre différents sites, les voleurs ciblent ces actifs en raison de leur valeur de revente élevée et de leur facilité d'accès.

Alors que ce problème répandu a un impact sur les résultats financiers des sociétés de location, retarde les projets des clients et fait grimper les coûts d'assurance, des efforts sont déployés pour lutter contre le vol.

De plus, les entreprises déploient des systèmes de suivi GPS, des systèmes de stockage sécurisés et des partenariats avec les forces de l’ordre pour lutter contre ce problème.

Cependant, malgré quelques succès, le problème persiste. Dans ce contexte, que faut-il faire de plus ? Une approche plus collaborative pourrait-elle être la solution ?

Lors de sa récente conférence à Paris, l'association française de location DLR, qui est l'une des nombreuses organisations visant à lutter contre le vol, a informé ses membres des progrès de son initiative Stop Thefts.

Grâce à cette initiative, elle a collaboré avec différents acteurs pour mieux préparer l’industrie en France à lutter contre le vol.

Ici, Joël Fruchart, président de la commission de location, DLR, explique à IRN comment la commission Stop Thefts aide ses membres.

IRN : Qu’est-ce qui a motivé la création de la Commission Stop Thefts, et pourquoi cette initiative a-t-elle été jugée nécessaire à l’époque ?

JF : L'augmentation des vols et usurpations d'identité depuis la COVID en 2020, rapportée par les loueurs et certains journalistes, a incité le DLR à organiser une table ronde avec les forces de l'ordre et les loueurs lors de la journée des carrières 2023. Suite à cet échange, il est apparu clairement à l'ensemble des participants qu'il était nécessaire de créer une commission dédiée à ce fléau.

IRN : Comment le DLR s'est-il coordonné avec les forces de l'ordre, les sociétés de location et d'autres partenaires pour mettre en place ce groupe de travail ?

JF : Début 2024, nous avons d’abord établi une « to do list » au DLR afin de préparer de manière professionnelle la création de cette commission.

Nous avons rencontré les Directions de la Police Nationale et de la Gendarmerie Nationale, la fédération des assureurs, les fédérations de distributeurs et de clients (FNTP, FFB, EVOLIS, SEIMAT), les loueurs de toutes tailles et de tous types, les sociétés spécialisées dans le suivi, etc.

Nous avons ensuite signé des accords de partenariat avec les forces de police et organisé un recensement triennal des vols parmi les membres de la DLR. Nous avons également participé, le 1er octobre, à la formation opérationnelle de la gendarmerie sur l'identification du matériel chez une société de location, qui a permis de déterminer les profils des entreprises que nous souhaitions voir participer à cette commission, avec un maximum de 20 participants. Nous avons ensuite organisé, le 10 octobre, un séminaire de restitution au Pôle Judiciaire de la Gendarmerie Nationale (PJGN), largement relayé par la presse.

IRN : Pouvez-vous nous donner un aperçu des tendances ou des modèles identifiés à partir de l’analyse des cas de vol parmi les membres du DLR au cours des trois dernières années ?

JF : Tous les équipements « généralistes » sont visés, mais les pelles sur chenilles de 2,5 à 6 tonnes sont de loin les plus volées ! On observe actuellement une recrudescence des vols de groupes électrogènes et de chariots télescopiques.

Joël Fruchart, président de la commission des locations, DLR Joël Fruchart, président de la commission des locations, DLR. (photo : STUDIO OUEST).
IRN : Les chiffres ont-ils augmenté ?

JF : La guerre en Ukraine et l'embargo sur la Russie augmentent les vols de machines de tous types, ces données sont également validées par la police.

IRN : Quels plans sont actuellement en place pour réduire le risque de vol ?

JF : Communication accrue auprès des membres du DLR et de la presse afin d'alerter la profession, diffusion de premiers conseils préventifs sur la protection contre le vol et l'usurpation d'identité.

IRN : Philippe Cohet a mentionné lors de la conférence DLR que cette initiative était « assez unique ». Pouvez-vous nous en dire plus sur ce qui la distingue des initiatives similaires dans d’autres secteurs ?

JF : Ce fléau touche les professionnels de la location, dans tous les secteurs d’activité (travaux publics, industrie, manutention, etc.), mais aussi les distributeurs et les clients de matériel. Notre volonté est d’élargir la commission à ce type d’activités, en partant du principe que l’union fait la force !

IRN : Comment les membres du DLR ont-ils réagi aux efforts de la commission jusqu’à présent et quel rôle jouent-ils dans ses activités en cours ?

JF : Les membres du DLR réagissent très favorablement à cette initiative, mais une plus grande implication de leur part sera demandée en 2025. La communication est une des clés du succès de cette commission

IRN : Quelles mesures ou outils spécifiques la commission prévoit-elle d’introduire pour aider à prévenir les vols dans le secteur ?

JF : En priorité, la diffusion d'un guide de prévention sécurité au 1er trimestre 2025, puis les priorités d'actions pour 2025 seront déterminées lors de la première réunion de travail du 28 janvier 2025.

Ensuite, continuez à diffuser des alertes sur les vols récents de matériel dans nos médias. Cette approche a déjà permis de récupérer du matériel.

Il faudra certainement améliorer ce processus pour que les professionnels alertent systématiquement leur écosystème lorsque leur matériel est volé.

IRN : Comment la commission travaille-t-elle pour améliorer la coordination entre les sociétés de location et les forces de l'ordre ?

JF : Pour être efficace, l'accord avec les forces de police implique que notre fédération DLR soit le lien entre les différents acteurs, ce que nous appliquons au quotidien.

IRN : Quelles ressources éducatives ou programmes de formation seront proposés aux membres pour les aider à atténuer les risques de vol ?

JF : Le guide de prévention en matière de sécurité constituera la base de la formation. Lors des huit réunions régionales de 2025, le DLR examinera les mesures à appliquer. Des campagnes de communication sur ce sujet seront régulièrement diffusées auprès des membres du DLR, reprenant également le développement des travaux de la commission « Stop Flights ».

De son côté, le PJGN prévoit renouveler la formation opérationnelle en identification en 2025.

IRN : Pouvez-vous nous donner plus de détails sur le nouveau document créé avec la police pour aider les sociétés de location à déposer plainte pour vol ?

JF : Il s'agit d'un document qui reprend les termes utilisés par la police et qui doit être pris en compte lors du dépôt d'une plainte, afin qu'il soit correctement rempli et enregistré dans le fichier FOVeS (Fichier des Objets et Véhicules Signalés) des forces de police. Ce document est en cours de modification et de numérisation.

IRN : À l’avenir, quels sont les objectifs à long terme de la commission et comment allez-vous mesurer le succès de l’initiative Stop Thefts ?

JF : L’objectif à long terme est d’impliquer tous les propriétaires d’équipements, qu’il s’agisse de loueurs, de distributeurs ou de clients de tous types. De même, nous avons l’ambition de collaborer avec d’autres pays européens sur ce sujet, via l’ERA (European Rental Association).

Concernant la mesure impactante de cette initiative, elle doit être construite en partenariat avec les forces de police, elle sera à l'ordre du jour de notre première réunion le 28 janvier 2025. Nous sommes néanmoins certains que la communication à grande échelle de notre travail sera un élément clé de nos actions !

Le DLR met en lumière les défis du marché locatif
Philippe Cohet Philippe Cohet, président du DLR. (Photo : STUDIO OUEST)

Lors de la conférence, Philippe Cohet, président du DLR et directeur d'Uperio, a déclaré que le marché français est confronté à de nombreux défis qui se reflètent dans le reste de l'Europe.

En effet, plusieurs de ses membres ont récemment déclaré qu’ils restaient « préoccupés par l’avenir du secteur » malgré une forte croissance dans un certain nombre de segments.

Répondant à son baromètre de marché pour le T3 2024, ses membres loueurs de matériel ont enregistré une hausse annuelle de +6,4%, tandis que la croissance du secteur locatif au T3 2024 par rapport au trimestre précédent a été plus modeste à +1,1%.

Toutefois, ses membres distributeurs de matériel de construction ont constaté une forte baisse de leurs ventes de -15 % au troisième trimestre. À titre de comparaison, les entreprises du secteur de la distribution-location de matériel de manutention industriel et agricole ont enregistré une croissance de +12,3 % sur un an.

Faisant référence aux conclusions, le DLR a déclaré que malgré certaines communications gouvernementales positives de la part des entreprises, la majorité des membres ont souligné l'environnement économique et politique difficile dans le secteur de la construction et en particulier des appels d'offres plus faibles que d'habitude.

S'adressant à IRN avant la publication du rapport, Cohet a déclaré : « Le marché français ne se porte pas très bien pour de nombreuses raisons. Dans le secteur de la construction, nous évoluons entre -5 et -10 % par rapport à l'année dernière. La situation est très variable d'un secteur à l'autre. Je pense que le secteur de la distribution souffre davantage que celui de la location. »

« Les loyers pour 2024 seront stables, avec quelques différences selon les secteurs. Les travaux de terrassement sont en légère hausse, tandis que le segment résidentiel est en légère baisse. »

Paris a bien sûr été soutenu par les Jeux Olympiques cet été, mais les effets de cela ne sont pas durables, dit-il, « C'était bien jusqu'à disons juin ou juillet, mais depuis la fin des Jeux Olympiques, nous avons vu un ralentissement.

Il y a toujours un effet domino. Une activité anormalement élevée a toujours un effet domino, et Paris est actuellement confrontée au même type de problème que celui rencontré par la région Azur en France : manque d'autorisations, difficultés de financement, problèmes administratifs, etc., ce qui crée une activité globalement stagnante et relativement lente.

Les prix et les volumes ont également eu un impact sur le marché, mais début 2024, et pour la première fois depuis un certain temps, le secteur a pu augmenter les prix de location. Cependant, cette hausse est principalement due à ce qu'il qualifie de « mode inflationniste ». Il affirme qu'il ne serait pas surpris de voir les prix baisser à nouveau.

Bien sûr, les turbulences au sein du gouvernement ne contribueront guère à apaiser les craintes de nombreux citoyens face à un éventuel ralentissement de la construction et de l'immobilier l'année prochaine. Ce phénomène, combiné au manque de fonds publics et d'incitations fiscales, engendre un « climat très incertain » à l'horizon 2025.

L'interview a été enregistrée quelques semaines avant l'effondrement du gouvernement suite à un vote de défiance contre le Premier ministre Michel Barnier, qui avait utilisé des pouvoirs spéciaux pour imposer son budget.

Même s'il reste à voir quel impact cela aura sur certaines politiques, Cohet affirme que certaines mesures introduites par Barnier étaient assez favorables à la construction de logements.

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